Souvenirs de Prison

IconLes coulisses d'une prison congolaise

Le sort d’un nouveau venu à la prison

A l’Université, il y a la bleussaille au cours de laquelle les anciens transforment les nouveaux en clown à qui ils demandent de faire n’importe quoi (en dépassant parfois les bornes). La prison de Makala a aussi sa bleusaille, par laquelle, Dieu merci, je ne suis pas passé.

Tous les nouveaux venus sont entassés dans une pièce appelée « Hébergement », qu’ils ne quittent que moyennant acquittement de quelques frais ou expiration de la période de 45 jours d’initiation à la vie en prison. Il paraît que cette période permet à ce que l’on s’habitue à votre visage par les autres prisonniers, histoire d’éviter que vous ne vous glissiez parmi les visiteurs et ne sortiez calmement par la grande porte un jour de visite. Chaque pavillon a son « hébergement » (sauf peut être le 9, 8 et le 1 où étaient hébergé les condamnés pour l’assassinat du Président Laurent Désiré Kabila).

A l’hébergement on dort par terre, les uns à coté des autres, comme des sardines. Les punaises et autres insectes circulent librement sur les corps étendus et les microbes s’y transmettent sans limitation.

Parfois, on y est mêlé aux fous qui sont jetés en prison (bonjour les dégâts). Par exemple, le jour où je suis arrivé au Pavillon qui m’hébergea au cours de mon séjour, il y avait 3 fous à l’hébergement en plus de 45 personnes  logés (je ne crois pas que la pièce fasse plus de 4,5m x 4,5 m). Quand on est hétéro, c’est aussi bizarre de se retrouver côte à côte avec un homo, qui peut vous tailler une pipe pendant votre sommeille, donc sans votre consentement (quelqu’un avait été surpris entrain de faire ça, mais là, ce n’était pas à l’hébergement. Je vous parlerai de tout ça dans un prochain article).

Les hébergés (ceux qui sont à l’hébergement) sont les hommes à tout faire du pavillon. C’est eux qui nettoient le pavillon à la veille de tous les jours de visites, entre 22h00’ et 02h00’.

Le plus dure c’est quand il faut aller au front. Le front, c’est l’endroit où se trouvent les fosses septiques du pavillon. Aller au front, c’est l’action d’aller vider le contenu de ces fosses septiques pour le jeter dans un caniveau sortant vers l’extérieur. Chaque semaines, les hébergés étaient envoyé au front.

Avant que la Croix Rouge ne dote la prison des seaux, gants et bottes en plastiques, le travail au front se faisait sans protection, avec des bidons de 5 à 20 litres auxquels on avait enlevé la partie supérieur pour le transformer en seau. Il était donc très facile d’avoir des déchets de matières fécales sur ses mains et son corps. Les plus malins mettaient des sachets comme gants aux mains et aux pieds, histoire de se protéger.

Le calvaire des hébergés est qu’ils sont confiné dans l’hébergement et n’y sortent que quand ils reçoivent une visite, pour aller au front ou aller nettoyer le pavillon. Qu’il fasse extrêmement chaud ou froid, ils sont là, obligés de ne pas quitter leur logis, même pas pour prendre l’air dans la cour du pavillon ou au terrain de football.

 
 
 
 

Enregistrer un commentaire 2 commentaires:

Anonyme a dit…

Encore une description bien sombre Rodney..
J'ai envoyé sur Scoopeo, Wikkio et Diggons via tes liens ci-dessus.

28 septembre 2008 à 01:54

Anonyme a dit…

RAS,
que peut on dire après tous ces récits.

Merci pour ces témoignages.

29 novembre 2008 à 10:29

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:)) ;)) ;;) :D ;) :p :(( :) :( :X
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