Souvenirs de Prison

IconLes coulisses d'une prison congolaise

Et Dieu dans tout ça ?


Au Centre Pénitencier et de Rééducation de Kinshasa, Dieu n'a pas besoin de s'inviter auprès des prisonniers, ils l'invitent avec cris et larmes.

Les habitants de Kinshasa et de l'ensemble du Congo étant très religieux (ou superstitieux pour certains), il est rare d'en trouver un sans confession religieuse déclarée.

Mais, il faut croire que Socrate avait tort d'affirmer que l'homme ne fait le mal que quand il ne sait pas que son acte est mauvais, puisque malgré toute la morale contenue dans les préceptes des grandes religions en vogue au Congo, la prison de Makala ne cesse d'engloutir des nouveaux venus, du jour au lendemain.

Loin de se décourager d'avoir été vaincu par le diable, au point de commettre des bévues condamnables par la loi (parfois à des très lourdes peines), les prisonniers de Makala se regroupent selon leur appartenance religieuse. Ils organisent des cultes au sein des pavillons (le soir entre 17h00' et 19h00') ou dans les cours de recrée de ceux-ci (entre 07h30' et 15h00 ', selon l'horaire de chaque groupement).

Au CPRK, on retrouve les catholiques, les protestants (Eglise du Christ au Congo), les kimbaguistes (ceux qui croient en Simon Kimbangu comme Messie du peuple noir), les musulmans, les témoins de Jéhovah et les différentes Eglises de réveil et évangéliques. On compte parmi ces dernières : l'Eglise Cité Béthel (où je priais pendant mon séjour), l'Eglise Armée de Victoire (dont le Pasteur en chef, l'Archibishop Kutino Fernando se retrouve en ce moment sous le verrou à Makala. Il faut croire qu'ils ont de la chance.), les branhamistes (ils aiment se faire appeler ceux du message du temps de la fin), etc.

La plupart de ces mouvements sont organisés en bergerie, selon les pavillons, et ont un coordonnateur centrale qui veille sur la bonne marche des bergeries, nommant les bergers et assurant l'administration de la congrégation carcérale.

Les dimanches, les prédicateurs viennent de l'extérieur pour réconforter la foi de leurs brebis perdues à Makala, histoire de porter main forte à la mission rééducation confiée au C.P.R.K.

Parfois, des grands cultes œcuméniques sont organisés au terrain de football, à moins que ce ne soit plutôt un concert gospel donné par un artiste de la place. Souvent, les organisateurs s'amènent avec des vivres afin de soulager un tant soi peu la misère de leurs prochains. Je crois que c'est aussi pour que le public soit un peu plus attentif au spectacle. Ne dit-on pas que ventre affamé n'a pas d'oreille ?

A cause de toute cette religiosité présente au Centre Pénitencier et de Rééducation de Kinshasa, certains l'ont surnommé " Centre de Prière et de Retraite de Kinshasa ", l'acronyme restant le même " CPRK ". Je crois que ça fait plus beau comme ça.

Il faut avouer que beaucoup sortent de prison un peu plus enracinés dans leur foi, ayant une plus grand connaissance des écritures saintes qu'ils utilisent (il y a beaucoup de temps pour lire la-bàs).

D'autres encore profitent de leur séjour en prison pour changer de toge. Ainsi, un musulman devient catholique, un protestant embrasse l'Islam, un évangélique devient branhamiste, et ceteri, et cetera. Un peu comme dans ces télé réalités où une demoiselle finit la course complètement vidée de l'amour qu'elle portait à son Don Juan.

Même certains athées (il en existe aussi ici) deviennent croyant, après avoir vu leur co-détenus recevoir exaucement à leurs prières.

Quoi que l'on dise, à Makala, la vie continue. Et ce n'est pas Dieu qui manque à la danse.

 
 
 
 

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